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Marion V
Après notre entretien avec la Dr Françoise Brignole-Baudouin, cheffe du laboratoire d'ophtalmobiologie, à l'hôpital des Quinze-Vingts - Paris, Le Guide de la Vue a poursuivi sa visite dans les coulisses de cet hôpital référent, auprès de la Dr Marie-Claire Despiau. Docteure en pharmacie, praticienne hospitalière, cette dernière est cheffe de service de la pharmacie-stérilisation.
Petite, Marie-Claire Despiau voulait être apothicaire. Herboriste plus précisément. Fascinée par les plantes depuis l’enfance, attirée par le monde de la santé, elle choisira ce qui s’en rapproche le plus dans les diplômes existants : la pharmacie. L’année du baccalauréat, elle passe le concours de pharmacien chimiste dans l’armée. Si le métier de son père, ingénieur des études et techniques d’armement, l’a familiarisée avec la culture militaire, c’est surtout la richesse du métier, déjà, qui l’attire. « Le fait que cette formation soit plus large que la pharmacie classique me plaisait, le côté chimiste, protection contre la guerre biologique. Mais je suis arrivée vingt-septième au concours, et il n’y avait que vingt places dont six pharmacien-chimistes », se remémore la Dr Despiau, avec une pointe de regret dans la voix.
Dr Marie-Claire Despiau
Docteure en pharmacie, praticienne hospitalière.
Cheffe de service de la pharmacie-stérilisation à l’hôpital des Quinze-Vingts, Paris. © DR
Ce sera donc l’Université Claude Bernard de Lyon, où elle rentre en 1987. Toute fraîchement émancipée, elle avoue repiquer sa première année. Un mal pour un bien puisque si son premier stage en officine l’avait convaincue par son aspect conseil, le second la mettra en contact avec certains aspects plus mercantiles du métier. Déçue de ce côté trop commercial, elle s’oriente vers la filière hospitalière. « A l’époque nous avions la chance énorme qu’il y ait un vrai externat en pharmacie aux Hospices Civils de Lyon. J’ai donc commencé à travailler en gardes de nuit dans des laboratoires d’urgences en troisième année de pharmacie. » C’est une révélation.
"Ce qui me plaît dans la pharmacie hospitalière c’est la diversité des sujets, la multidisciplinarité, le partage de connaissances avec les médecins notamment…"
Au moment de passer l’internat, Marie-Claire Despiau choisit la pharmacie spécialisée, intéressée par la recherche en immunologie et hématologie. Mais elle donne finalement son droit au remord et s’oriente vers la pharmacie hospitalière, un métier encore en pleine émergence. De remords pourtant, elle n’en a pas aujourd’hui. « J’ai fait ce choix en connaissance de cause. Ce qui me plaisait c’était la diversité des sujets, notamment techniques », détaille la pharmacienne. Car au-delà des aspects de pharmacie clinique, « il y a tout ce qui est fabrication de solutions stériles ou non, de médicaments sur-mesure pour répondre à des besoins non couverts par l’industrie. Et puis il y a une multidisciplinarité, le partage de connaissances avec les médecins, les infirmiers, qui m’ont tellement appris… C’est ça qui me plaît vraiment » s’enthousiasme celle qui a beaucoup travaillé avec la pédiatrie, la réanimation néonatale et la cancérologie, toujours aux Hospices Civils de Lyon.
Après son internat et sa thèse d’exercice, elle passe plusieurs spécialisations en antibiologie, stérilisation, nutrition parentérale et surtout un DEA d’analyse des systèmes de santé. Celui-ci lui permet de sortir de son métier de pharmacienne hospitalière et d’appréhender le système de santé sous des aspects micro comme macro-économiques, sociologiques ou épidémiologiques… En 2004, son premier défi de Praticien Hospitalier sera de se voir confier l’unité médicaments de l’Hôpital Edouard Herriot. L’année suivante, elle prend la tête de l’unité préparation et contrôle, où la production se fait « dans des volumes semi-industriels », précise la Dr Despiau.
Laboratoire de la pharmacie de l'hôpital des Quinze-Vingts, Paris © DR
Sa carrière aurait pu se continuer aux Hospices Civils de Lyon, où elle se sent parfaitement à sa place, « mais l’amour fait faire de ces choses… » s’amuse Marie-Claire Despiau. En octobre 2008, elle mute donc à Paris pour raisons familiales et arrive aux Quinze-Vingts, où elle prend la chefferie de la Pharmacie, qui regroupe tous les métiers de la pharmacie hospitalière, dédiés à l’ophtalmologie. Le défi est colossal, car le service a besoin de réorganisation et de modernisation. Elle choisit la voie du changement en douceur, qui correspond mieux à son caractère.
Avec son équipe, ils mettent en place un changement fonctionnel de fond, tissent une relation de confiance et de partenariat, entre eux et avec les personnels médicaux et paramédicaux. Les chantiers sont nombreux, entre la mise en place d’un poste de pharmacien dédié au dispositif médical, l’adaptation constante aux demandes d’un hôpital à la pointe de l’innovation thérapeutique, la réflexion sur l’amélioration de l’ergonomie de travail... des changements qui permettent aussi au service d’acquérir une visibilité plus importante auprès des instances. Signe fort de reconnaissance de ce travail d’équipe, la Dr Despiau a été sollicitée par le Pr Baudouin pour prendre la vice-présidence de la Commission Médicale d’Etablissement.
Quatorze ans après son entrée en poste, si la Dr Despiau considère que sa pharmacie n’a pas encore assez évolué, son équipe a tout de même augmenté de 250% son activité de production, notamment sur les collyres au sérum autologue qui font leur réputation. Un savoir-faire qui manque de visibilité hors des Quinze-Vingts se désole la pharmacienne. « Nous avions monté un programme hospitalier de recherche clinique avec le Pr Borderie pour réellement objectiver l’action de ces collyres au sérum autologue, que nous voulions comparer au sérum de sang de cordon, mais notre fournisseur a arrêté ce produit ». Il va donc falloir remonter l’étude. Un des nombreux objectifs que poursuivent aujourd’hui la Dr Despiau et son équipe, qui répondent en parallèle aux nouvelles demandes internes sur les thérapies innovantes, comme la thérapie génique, la recherche en métabolomique... le tout dans des locaux vieillissants, qu’il faut aménager en permanence pour répondre aux normes, et avec une équipe en restructuration fréquente du fait de difficultés chroniques à recruter.
« La pharmacie hospitalière est une discipline très riche, complexe. Elle a des côtés ingrats parce que nous sommes en bout de chaîne, mais je veux y croire encore », résume Marie-Claire Despiau. Elle évoque les travaux en cours de la nouvelle rétrocession hospitalière, « entièrement rénovée, avec trois box de dispensation, de l’espace ! », et d’autres projets cruciaux, stressants mais passionnants, pour la nouvelle salle blanche et la nouvelle unité de stérilisation, de nouveaux circuits logistiques...
Propos recueillis par Aline Aurias
Suite de notre série "Femmes d'excellence" avec notre rencontre à l'hôpital des Quinze-Vingts auprès de la Dr Françoise Brignole-Baudouin. Pour cette dernière, la médecine est une vocation depuis l'enfance.
Pollens, clim, pollution, Covid-19, lentilles de contact, traitements de pathologies oculaires (collyres, etc.)… la surface de l'œil est soumise à de nombreuses sollicitations.
Une enfance ordinaire, dans la grande métropole d’Osaka au Japon, une scolarité correcte, des parents modestes, personne n’aurait pu prévoir qu’un demi-siècle plus tard Masayo Takahashi serait une des leaders mondiaux de la médecine régénérative appliquée à l’œil.
Marion V
Elisabeth G
Anne-Laure P
Aurélie C